La clé de voûte

Rappelez-vous ces images qui ont sidéré le monde en cette terrible nuit du 15 avril 2019… La flèche de Notre Dame livrée aux flammes et s’écroulant sur son fondement. Ne nous y trompons pas : aussi spectaculaire fut-il, cet effondrement n’était que la face émergée de l’iceberg. Sous la flèche, une pierre tenait à elle seule les voûtes soutenant la flèche. C’est cette pierre qui, en cédant, détermina l’abattement de tout l’édifice.

Cette pierre est bien connue par les spécialiste de l’art gothique : c’est la clé de voûte, la pierre angulaire. Elle est placée au cœur d’une croix dessinée par le croisement des voûtes.

Au-delà de la vérité architecturale, ne symbolise-t-elle pas une réalité spirituelle ? L’édifice de notre foi repose tout entier sur une pierre : cette pierre qu’évoque le psaume 117 « rejetée par les bâtisseurs qui est devenue la pierre d’angle ». Saint Pierre la reprend à son compte dans sa prédication : « Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. » (Ac 4)

La catastrophe de Notre Dame n’est-elle pas un signe offert à notre monde ? Toute tentative de bâtir et de faire tenir l’édifice de nos vies, de notre société et, par-dessus tout, de l’Eglise, en oubliant le Christ est inévitablement appelée à l’effondrement. Multiples sont aujourd’hui les tentatives de se sauver et de sauver le monde en oubliant que « en nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. »

Ce nom, ce tout petit nom qui signifie étymologiquement « Dieu sauve », est Jésus. « Au nom de Jésus, tout genou fléchisse, au Ciel sur terre et aux enfers. » (Ph 2) Ne l’oublions jamais.

Abbé Philippe de Maistre