Jésus ne se divise pas

La parabole des « ouvriers de la dernière heure » est bien connue. La justice dont fait preuve l’employeur a de quoi surprendre. Comment celui qui a travaillé toute une journée ne regarderait-il pas de travers l’ouvrier de la dernière heure qui reçoit le même salaire que lui ?

En quoi consiste cette récompense ? Quel est cet unique denier que l’ouvrier reçoit ?

La récompense promise au croyant, symbolisée par le denier de la parabole, est évidemment la vie éternelle. Mais n’oublions pas que « la vie éternelle c’est de connaître Jésus et Celui qui l’a envoyé » (Jn XVII). Le denier représente donc la rencontre et la connaissance amoureuse de Jésus. En d’autres mots : la communion avec Lui et le don de sa vie.

Or Jésus ne se divise pas. Il se donne tout entier à chacun. Le denier c’est Jésus donné à chacun.

N’est-ce pas le miracle de l’eucharistie ? Un seul pain partagé est en mesure de nourrir une foule. En livrant son corps et en partageant le pain, loin de se morceler et de perdre de sa substance, Jésus multiplie sa présence et le don de lui-même en autant de personnes l’accueillant.

À un journaliste qui demandait au Père Gilbert comment sa mère avait été capable de partager son amour à ses neuf enfants, le prêtre eut un jour cette réponse lumineuse : « Elle ne l’a pas partagé, elle l’a multiplié ! »

Au diable la jalousie et tous les calculs mesquins ! N’enfermons pas Dieu dans nos comptabilités inquiètes et trop humaines. L’amour de Dieu – comme tout amour authentique qui en émane – ne se divise pas. Il se multiplie au contraire, en se donnant tout entier à chacun.

Réjouissons-nous de ce denier que notre frère – l’ouvrier de la dernière heure – reçoit comme nous. Il ne nous enlève rien car, comme lui, nous avons Jésus tout entier pour nous. Nous avons tout en Jésus. 

Abbé Philippe de Maistre